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L'Album du Diable. Les tentations de Félicien Rops
Le musée

"Si je suis mort, demande que l’on grave mon nom sur un bout de rocher aux fonds d’Arquet. Je laisserai quelques sous pour payer le rocher et le terrain, afin que mon nom ne reste pas tout à fait inconnu à ceux qui viendront, & qui naîtront à Namur au siècle prochain."1

Namur n’était pas près d’oublier son enfant prodige, parti définitivement pour Paris vers 1874, à la recherche de liberté et de reconnaissance. Mais le processus de réhabilitation d’une telle personnalité prit quelques dizaines d’années…

En 1936, un nouveau groupe se crée : "Les Ropsistes". Ceux-ci soutiennent l’idée d’un musée Rops à Namur. En 1937, l’Hôtel de Croix de Namur consacre à l'artiste une exposition organisée par les "Amis du musée des Beaux-Arts de Namur", "Le comité du Centenaire F.Rops" et "Les Amis de Félicien Rops". Lithographies, gravures, peintures, dessins et souvenirs de l’artiste sont réunis dans un seul lieu, prémisses d’un musée à naître... Sont cependant écartées les œuvres les plus érotiques et sataniques pour laisser la place au réalisme, à la caricature et à la peinture de paysage.

Il faudra attendre 1961, pour qu'un groupe "Les Amis de François Bovesse" reçoive une donation de la Province de Namur pour acquérir des œuvres de Rops. En 1962, le Comte Visart de Bocarmé fit une donation importante en faveur de la Province de Namur. C'est ainsi qu'en 1964, une première salle permanente de l’Hôtel du Gaiffier d’Hestroy, rue de Fer, est consacrée à Félicien Rops. Présentées dans des locaux exigus, un bon nombre des 300 œuvres données par le Comte furent consignées dans des réserves et ne purent être présentées au public qu’en 1987, date de l’inauguration du nouveau musée Rops, rue Fumal, 12.

Le musée, bâtiments appartenant à la Province de Namur, connut ensuite une série de phase d’extension jusqu’à sa réinauguration en 2003 avec un nouvel accrochage et des techniques modernes en termes de sécurité et de conservation des œuvres (fibre optique, thermohygrographes informatisés, caméras de sécurité, etc). La reconnaissance de ce musée monographique en Catégorie A par la Fédération Wallonie-Bruxelles en 2008 fut le couronnement du travail accompli par des générations d’amateurs de Rops à Namur.

Tenant compte de la passion de Rops pour la botanique, le jardin fut entièrement transformé en 2005, selon les goûts décrits par l'artiste dans sa correspondance. L'artiste contemporaine, Anne Jones, agrémenta l'avant-plan du jardin d'une sculpture composée de 25 sphères en ardoise, Carré d'ardoises. Nombreuses sont les manifestations qui se déroulent dans cet écrin de verdure en plein centre ville. Le jardin du musée est un lieu agréable pour profiter en famille ou entre collègues d'un peu de calme ou d'une pause-midi, sans oublier les nocturnes privées.

Il est loin, le temps où Félicien Rops déclarait que, lorsqu'il se promenait à Namur, il semait "l’antipathie comme le petit Poucet semait des pierres". Cela le mettait "en bonne gaïeté" car il restait malgré tout, "un Belge indécrottable". Plus de cent ans après la mort de l'artiste, le musée qui porte son nom s'exporte bien au-delà des frontières de son pays natal. Avec des expositions monographiques dans plus de 10 pays européens, mais aussi au Canada et au Japon, l’œuvre du sulfureux Félicien Rops a dépassé les frontières de la Belgique et est accessible à tous publics.

 

1. Lettre de Rops à Jules Trépagne, Demi-Lune, 28 mai 1892. Collection Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique, Archives et Musée de la Littérature, ML 02237/001

 

 

 

 

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